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plorer votre assistance, attendant tout d’un lieu d’où m’a été conférée une si haute dignité, et d’où m’est venu un bienfait qui sera toujours présent à ma mémoire. Reconnoissez donc, en la personne de votre frère, un coup qui vous frappe tous ; qu’un zèle proportionné à l’outrage vous anime ; agissez de concert près de notre très-saint Pontife et de notre maître commun, pour faire cesser un scandale qui montre à la fois l’innocence opprimée, la liberté de l’Église foulée aux pieds, et l’iniquité triomphante.

« De Vos Eminences, le très-humble client et frère très-dévoué. Sont les présentes écrites au nom et par ordre de Son Eminence monseigneur le cardinal de Retz, notre seigneur ; lequel les a fait écrire, mais n’a pu les signer, vu l’étroite prison où il est détenu. »

Les auteurs de cette lettre espéroient que le sacré collège prendroit vivement la défense d’un cardinal opprimé ; que le Pape, qui avoit eu à se plaindre de la politique de la France, partageroit leur indignation, et qu’il en résulteroit une brouillerie avec la cour de Rome dont ils pourroient profiter, aussi bien pour les intérêts particuliers de leur secte que pour ceux du prélat dont ils embrassoient la cause.

Cependant Mazarin, qui avoit désiré que ce coup d’État fût porté en son absence, afin de pouvoir dire qu’il n’y avoit pris aucune part, avoit quitté le duché de Bouillon, et étoit rentré triomphant à Paris le 3 février 1653. Jouissant désormais d’une autorité que personne n’osoit attaquer, il accueillit avec douceur les amis de Retz, fit cesser quelques-unes des rigueurs dont se plaignoit le prisonnier, mais ne donna aucun espoir pour sa liberté.