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chaire, que pour entretenir mon cher troupeau des choses divines : tels ont été les crimes par où j’ai «mérité la prison et les fers, digne prix d’une fidèle obéissance, et de services qui, j’ose le dire, n’ont pas été infructueux.

« Voilà, messeigneurs, la plaie profonde de notre siècle ; voilà l’ordre qui règne en ces temps désastreux ; voilà comment se conduisent ceux qui bravent la haine publique, et qui ne redoutent pas même le jugement de la postérité. Je n’exagérerai point la persécution dont je suis l’objet, par l’amertume de mes plaintes. Du fond de ma prison sort une voix forte et perçante, et toutes ses pierres crient contre l’injustice. Certes, si l’histoire présente quelques exemples de cardinaux emprisonnés, les circonstances étoient bien différentes ; et de plus, jamais une pareille atteinte n’avoit été portée à l’ordre ecclésiastique par la main de ceux mêmes qui ne peuvent être ennemis de notre liberté sacrée sans se rendre, par une conséquence nécessaire, traîtres à leur propre dignité[1]. Les uns par la co1ère du prince, les autres par la haine du peuple opprimé, quelques-uns par une précaution réclamée en quelque sorte par la sûreté du trône, se sont vus jetés en prison ; mais je n’en sais aucun dont la perte ait été machinée par des gens qui s’ils vivent, ne le doivent peut-être qu’à l’Église[2]. Mon ame, qui jusque dans les fers conserve sa liberté, s’échappe du fond d’un cachot pour im-

  1. Allusion au cardinal Mazarin.
  2. L’auteur fait entendre que le cardinal Mazarin auroit été massacré pendant les troubles, si le peuple n’eût respecté la pourpre romaine.