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miers temps de sa captivité, avoir avec lui aucune relation, imaginèrent de faire courir en son nom une lettre aux cardinaux, où ils ne craignirent pas de le présenter comme le meilleur citoyen et l’ecclésiastique le plus édifiant. Cette pièce, écrite en latin, est très-curieuse : nous en donnons la traduction.

« Messeigneurs, il est inutile d’entrer avec Vos Eminences dans de longs détails sur ma captivité ; de vous montrer mes chaînes et les plaies de l’Église ; d’arrêter vos regards sur ce dernier attentat qui attaque directement le sacré collège et la liberté publique. La violence qui me retient dans les fers vous a sans doute fait sentir le joug du plus dur esclavage, et la peine injuste qui m’a accablé pèse également sur vos têtes. Votre pourpre auguste est devenue le jouet des plus audacieux de tous les hommes : ils ne respectent plus rien. Forts du nom du Roi, de ce nom qui fut toujours pour moi si sacré et si vénérable, ils s’en servent pour couvrir leurs odieux efforts ; et ils ne craignent pas d’attenter contre les princes de l’Église romaine : ce que la tyrannie la plus injuste oseroit seule se perce mettre à l’égard du dernier des hommes… Mais peut-être avois-je mérité mon sort.

« Travailler de tout mon pouvoir à calmer les troubles de la France ; sacrifier mes intérêts particuliers à la tranquillité publique ; rendre le prince aux citoyens, et les citoyens au prince ; me retirer content d’avoir ramené le roi Très-Chrétien dans sa ville de Paris ; vivre loin de la cour et du grand monde, solitaire et renfermé dans mon domestique ; ne paroître en public que pour monter en