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ce qui porte le caractère de Votre Majesté nous obligeroit sans doute, même dans le plus grand effort de nos souffrances, à étouffer les gémissemens et les plaintes que nous causent vos armes, si votre intérêt, sire, encore plus pressamment que le nôtre, n’animoit nos paroles ; et si nous n’étions fortement persuadés que comme votre véritable repos consiste dans notre obéissance, votre véritable grandeur consiste dans votre justice et dans votre bonté ; et qu’il est même dans la dignité d’un grand monarque d’être au dessus de beaucoup de formalités qui sont aussi inutiles, et même aussi préjudiciables en quelques rencontres, qu’elles peuvent être nécessaires en d’autres occasions. »

Ces formalités auxquelles Retz demandoit qu’on ne s’arrêtât pas étoient l’examen de la conduite des principaux coupables, et les mesures qu’on vouloit prendre pour prévenir le retour des troubles. Afin de justifier cette demande, il cherche à persuader au Roi qu’il n’y a plus de rebelles : qu’ainsi l’amnistie doit être sans exception ; et, dans ses supplications apparentes, il emploie le ton de la menace. L’exemple de Henri iv vient naturellement à l’appui des prétentions qu’il élève en faveur de son parti ; et l’orateur a soin de passer sous silence que, lorsque ce grand prince entra dans Paris le 22 mars 1594, les factieux obstinés furent punis par le bannissement. A cette occasion, Retz ne craint pas de se mettre lui-même en scène ; et il a l’effronterie de se comparer au cardinal de Gondy son grand oncle, alors évêque de Paris, qui dans les troubles de la Ligue s’étoit constamment distingué par sa piété, ses vertus, et sa fidélité au Roi.