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plus aux assemblées des chambres. La cour, de son côté, suivit à peu près le même système dont Henri iv s’étoit servi avec tant de succès contre les ligueurs. Elle établit à Pontoise un parlement formé des magistrats qui s’étoient réunis à elle, et cessa de reconnoître le parlement de la Fronde. En même temps Mazarin, pour ne laisser aucun prétexte aux rebelles, partit pour Bouillon, et eut l’air d’abandonner une seconde fois la direction des affaires.

Ce moment parut favorable au cardinal de Retz pour reparoître avec éclat sur la scène. Espérant se faire attribuer l’honneur de la paix et du retour du Roi, il partit pour Compiègne, où étoit la cour, ayant à sa suite tout le clergé de Paris (9 septembre). Le Roi lui donna le chapeau de cardinal, et lui accorda ensuite une audience pour le clergé. Le discours qu’il prononça dans cette circonstance importante est une de ses productions les plus singulières ; il n’est point inséré dans ses Mémoires, mais nous l’avons trouvé dans un recueil du temps[1]. On sera probablement satisfait d’en voir ici un extrait détaillé.

Comme dans les remontrances de 1645, le prélat prend avec le Roi un ton d’autorité : il affecte de parler au nom de Dieu ; et, loin de paroître déconcerté par la situation fausse dans laquelle il s’est placé, il s’exprime avec autant d’audace que si son parti eût été encore très-puissant.

« Sire, dit-il au jeune monarque, tous les sujets de Votre Majesté lui peuvent représenter leurs besoins ; mais il n’y a que l’Église qui ait le droit de vous parler de vos devoirs. Nous le devons, sire,

  1. Harangues célèbres. Paris, 1655.