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notice

sieurs membres de l’assemblée furent massacrés : événement qui rendit le parti de la Fronde odieux à tous les hommes paisibles, et qui accéléra sa ruine.

Pendant tous ces mouvemens, le cardinal de Retz étoit renfermé chez lui avec quelques amis dévoués : il avoit des armes, des munitions, des soldats : son palais et les tours de Notre-Dame étoient garnis de grenades, et le service se faisoit à l’archevêché comme dans une place de guerre. Il eut alors l’idée de se retirer dans le pays de Retz, et d’y attendre la fin des troubles qu’il avoit allumés ; mais il ne put exécuter ce projet, qui lui auroit épargné bien des disgrâces, parce que ses amis, espérant qu’il pourroit servir leurs intérêts au moment où la paix seroit conclue, le menacèrent de l’abandonner. Lorsque le calme fut un peu rétabli, il parut en public avec une escorte nombreuse : il affecta de détester les excès auxquels le peuple s’étoit livré, et de faire des vœux pour le retour de la paix. Ces démonstrations lui attirèrent quelques applaudissemens de la part des bons bourgeois ; mais comme ces derniers n’ignoroient pas qu’il étoit la principale cause des malheurs publics, ils ne prirent en lui aucune confiance.

Les partisans obstinés de la Fronde résolurent de faire un dernier effort, et d’imiter les exemples qui avoient été donnés par la Ligue. Ils nommèrent Gaston lieutenant général du royaume, et le commandement général des troupes fut confié au prince de Condé. Mais le découragement s’étoit emparé des esprits qui avoient autrefois fait paroître le plus de violence : quelques membres du parlement étoient allés trouver le Roi, et la plupart des présidens ne se rendoient