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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

ne recevra pas les conditions qu’ils apporteront : il n’y aura rien de si aisé que de les renvoyer, pour essayer d’en obtenir de meilleures. En cette manière nous ne précipiterons rien, nous nous donnerons du temps pour prendre nos mesures, nous demeurerons sur nos pieds, et en état de revenir à ce que vous proposez, avec d’autant plus d’avantage que les trois armées de M. l’archiduc, de M. de Longueville et de M. de Turenne seront plus avancées. »

Dès que M. de Bouillon commença à parler sur ce ton, je ne doutai point qu’il ne fût retombé dans l’appréhension de voir tous les intérêts particuliers confondus et anéantis dans celui de la paix générale ; et je me ressouvins d’une réflexion que j’avois déjà faite, qu’il est plus ordinaire aux homines de se repentir en spéculation d’une faute qui n’a pas eu un bon événement, que de revenir dans la pratique de l’impression qu’ils ne manquent jamais de recevoir du motif qui les a portés à la commettre. Je fis semblant de prendre tout de bon ce qu’il disoit, et je me contentai d’insister sur le fond, en faisant voir les inconvéniens inséparables du délai : l’agitation du peuple, qui nous pouvoit à tout moment précipiter à ce qui nous déshonoreroit, nous perdroit ; l’instabilité du parlement, qui recevroit peut-être dans quatre jours les articles, qu’ils déchireroient demain si nous le voulions ; la facilité que nous aurions de procurer à toute la chrétienté la paix générale, ayant quatre armées en campagne, dont trois étoient à nous, et indépendantes de l’Espagne. J’ajoutai à cela que cette dernière qualité détruisoit,