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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

de messieurs de Beaufort et de La Mothe, et de la facilité de messieurs de Conti et d’Elbœuf ; qu’il les conjuroit, les uus et les autres, de lui permettre de ménager pour les premiers jours les esprits de don Joseph d’Illescas et de don Francisco Pizarro ; et que comme il n’étoit pas juste que M. le prince de Conti et les autres s’en rapportassent à lui seul, il les prioit de trouver bon qu’il n’y fît pas un pas que de concert avec le coadjuteur, qui avoit déclaré publiquement, dès le premier jour de la guerre civile, qu’il n’en tireroit jamais quoi que ce soit pour lui, ni dans le mouvement ni dans l’accommodement : et que par cette raison le coadjuteur ne pouvoit être suspect à personne.

Ce discours de M. de Bouillon gagna tout le monde. On nous chargea lui et moi d’agiter les matières avec l’envoyé d’Espagne, pour en rendre compte le lendemain à M. le prince de Conti et aux autres généraux.

J’allai, au sortir de chez M. le prince de Conti, chez M. de Bouillon, avec lui et madame sa femme, que nous ramenâmes aussi de l’hôtel-de-ville. Nous consultâmes sur la manière dont nous devions agir avec les envoyés. Elle n’étoit pas sans embarras dans vin parti dont le parlement faisoit le corps, et dont la constitution présente étoit une conférence ouverte avec la cour. M. de Bouillon m’assuroit que les Espagnols n’entreroient pas dans le royaume, que nous ne nous fussions engagés à ne poser les armes qu’avec eux, c’est-à-dire qu’en traitant la paix générale. Et quelle assurance de prendre cet engagement dans une conjoncture où nous ne pouvions pas assurer que le