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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

des troupes pour les faire marcher à notre secours, et il est sûr que sur cet article il ne se moque pas de nous, et qu’il nous fait beaucoup de plaisir. Nous avons entendu son envoyé ; et, vu la nécessité où nous sommes, nous n’avons pas eu tort. Nous avons résolu d’en rendre compte au Roi, et nous avons eu raison. On veut s’imaginer que pour rendre ce compte il faut que nous envoyions la feuille de l’arrêt : voilà le piège. Je vous déclare, monsieur, dit-il en se tournant vers M. le premier président, que la compagnie ne l’a pas entendu ainsi, et que ce qu’elle a arrêté est purement que l’on porte la copie, mais que l’original demeure au greffe. J’aurois souhaité qu’on n’eût pas obligé les gens à s’expliquer, parce qu’il y a des matières sur lesquelles il est sage de ne parler qu’à demi ; mais puisque l’on y force, je dirai sans balancer que si nous portons la feuille, les Espagnols croiront que nous commettons au caprice du Mazarin les propositions qu’ils nous font pour la paix générale, et même pour ce qui regarde notre secours : au lieu qu’en ne portant que la copie, et en ajoutant en même temps, comme la compagnie l’a très-sagement ordonné, de très-humbles remontrances pour faire lever le siège, toute l’Europe connoîtra que nous nous tenons en état de faire ce que le véritable service du Roi et le bien solide de l’État demandent de notre ministère, si le cardinal est assez aveugle pour ne se pas servir de cette conjoncture comme il le doit. »

Ce discours fut reçu avec une approbation générale ; l’on cria de toutes parts que c’est ainsi que la com-