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donner une preuve de sa sécurité, alla le jour de Noël prêcher dans l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois, paroisse de la cour. Il affecta de ne parler que de la charité chrétienne, et de ne faire aucune allusion aux circonstances. L’effet de ce sermon passa les espérances qu’il avoit conçues : jusqu’alors ses discours n’avoient tendu qu’à exciter des passions violentes ; et c’étoit une singularité digne de remarque que, dans la position où il se trouvoit, il semblât avoir étouffé tous ses ressentimens. « Les femmes pleuroient, dit-il, sur l’injustice qu’on faisoit à leur archevêque, qui n’avoit que de la tendresse pour ses ennemis. » On ignoroit que dans ce mement, où il étoit obligé de déployer tant d’activité, et de faire des démarches en apparence si opposées, il se trouvoit tourmenté par une maladie secrète, fruit déplorable de ses débauches.

Il avoit la certitude, sinon de l’emporter sur ses ennemis, du moins de se laver entièrement de l’accusation qu’ils lui avoient intentée, lorsqu’il reçut de la Reine un message qui changea la face des affaires. Cette princesse, outrée des prétentions excessives du prince de Condé, avoit résolu de traiter avec les frondeurs. Le coadjuteur eut avec elle, pendant la nuit, des conférences secrètes dans son oratoire ; le cardinal Mazarin y prit part ; et il fut résolu qu’on arrêteroit, non-seulement Condé, mais son frère le prince de Conti, et son beau-frère le duc de Longueville. Le ministre offrit alors au coadjuteur le chapeau de cardinal, de riches abbayes, et le paiement de ses dettes : il refusa tout, et ne parut s’occuper que des intérêts de ses amis. Le chapeau de