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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

toutefois de ne rien entreprendre sur les places du roi Très Chrétien, quoiqu’elles fussent la plupart comme abandonnées ; qu’il n’y avoit pas six cents hommes dans Peronne, dans Saint-Quentin et dans le Catelet : mais qu’il vouloit témoigner dans cette rencontre la sincérité de ses intentions pour le bien de la paix, et qu’il donnoit sa parole que, dans le temps qu’elle se traiteroit, il ne donneroit aucun mouvement à ses armées ; que si elles pouvoient être, en attendant, de quelque utilité au parlement, il n’avoit qu’à en disposer par des officiers français s’il le jugeoit à propos, et qu’à prendre toutes les précautions qu’il croiroit nécessaires pour lever les ombrages que l’on peut toujours prendre avec raison de la conduite des étrangers. »

Avant que l’envoyé fût entré, il y avoit eu beaucoup de contestations tumultuaires dans la compagnie ; et le président de Mesmes n’avoit rien oublié pour jeter sur moi toute l’envie de la collusion avec les ennemis de l’État, qu’il relevoit de toutes les couleurs qu’il trouvoit assez vives et assez apparentes dans l’opposition du héraut de France et de l’envoyé d’Espagne. Il est vrai que la conjoncture étoit très-fâcheuse ; et quand il en arrive quelqu’une de cette nature, il n’y a de remède qu’à planir[1] dans les momens où ce que l’on vous objecte peut faire plus d’impression que ce que vous pouvez répondre, et à se relever dans ceux où ce que vous pouvez répondre peut faire plus d’impression que ce que l’on vous objecte. Je suivis fort justement cette règle dans cette rencontre, qui étoit délicate pour moi : car quoique le président de

  1. Planir : Faire le plongeon.