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son parti le marquis Henri de Sévigné, neveu du chevalier, qui avoit épousé depuis peu une jeune personne dont le nom est devenu depuis si célèbre. Madame de Sévigné étoit alors âgée de vingt-deux ans : le coadjuteur témoignoit pour elle autant d’admiration que de respect ; et ce fut de cette époque de trouble que data leur liaison, sur laquelle nous aurons par la suite occasion de nous étendre.

Cette guerre, qui n’eut point de résultat décisif, ne dura que quelques mois. D’affreux désordres eurent lieu dans la capitale ; on voulut massacrer le premier président Molé, et l’on entendit même prononcer le nom de république : mot qui devoit faire frémir d’horreur, à l’époque où la faction qui dominoit en Angleterre cimentoit par le sang de son roi l’établissement d’un gouvernement de ce genre[1]. Ce rapprochement ne toucha point le coadjuteur, qui persista dans ses projets gigantesques ; et lorsqu’il vit qu’il ne pouvoit s’opposer à ce que le parlement fît sa paix avec la cour (11 mars 1649), il refusa d’y être compris, dans l’espoir que son ascendant sur le peuple ne tarderoit pas à lui ouvrir des chances plus favorables. Mais cette attente fut trompée. Il ne joua plus qu’un rôle subalterne dans les désordres qui suivirent, et les vues ambitieuses qui le portèrent à changer souvent de parti lui firent perdre l’estime qu’il avoit acquise : de sorte que sa chute, amenée par des fautes sans nombre, fut, contre toute apparence, sans honneur et sans gloire.

Il continua d’entretenir des relations avec l’Espagne ; et l’archiduc lui fit offrir par don Antonio Pimentel

  1. Charles premier perdit la vie sur l’échafaud le 9 février 1649.