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coadjuteur essaya d’entraîner dans ses desseins le prince de Condé, qui, appelé par la cour, avoit quitté son armée. N’ayant pu réussir, il fit plus heureusement la même tentative près de son frère et de sa sœur, le prince de Conti et la duchesse de Longueville. Comptant sur leur appui, il ne douta plus qu’il ne fût en état de soutenir la guerre civile contre le Roi ; et, pour assurer mieux le succès de ses entreprises, il forma le projet d’accepter les secours du roi d’Espagne. En même temps il continua d’entretenir la fermentation qui régnoit parmi les magistrats. Son parti prit de la consistance, et ceux qui le composoient s’honorèrent du nom de frondeurs, qui leur fut d’abord donné par plaisanterie, et qui est resté dans notre langue, en conservant la même acception.

Les prétentions continuelles du parlement, et l’agitation toujours croissante du peuple, forcèrent enfin la cour à sortir secrètement de Paris, dans la nuit du jour des Rois de 1649. Des troupes avoient été mandées pour faire le blocus de la capitale, et le prince de Condé se mit à leur tête. De son côté, le coadjuteur fit toutes les dispositions pour assurer la défense de cette grande ville : il alla prendre place au parlement, où il eut voix délibérative en l’absence de son oncle. Il entraîna cette compagnie à ordonner des contributions considérables, et à lever des gens de guerre ; le prince de Conti fut déclaré généralissime de l’armée parisienne ; et peu de temps après les magistrats donnèrent publiquement audience à un envoyé de l’archiduc Léopold, gouverneur des Pays-Bas, après avoir refusé d’entendre un héraut qui venoit de la part du Roi.