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DU CARDINAL DE RETZ. [1648]

cour des aides même, auxquelles on porta dans le même mois de novembre la déclaration à vérifier, prirent la liberté d’y ajouter encore plus de modifications et de clauses que le parlement.

La cour des aides entre autres fit défense, sur peine de la vie, de mettre les tailles en parti[1]. Comme elle eut été mandée pour ce sujet au Palais-Royal, et qu’elle se fut relâchée en quelque façon de ce premier arrêt, en permettant de faire des prêts sur les tailles pour six mois, le parlement le trouva très-mauvais, et s’assembla le 30 de décembre, tant sur ce fait que sur ce que l’on savoit qu’il y avoit une autre déclaration à la chambre des comptes, qui autorisoit pour toujours les mêmes prêts. Vous remarquerez, s’il vous plaît, que dès le 16 du mois de décembre M. le duc d’Orléans et M. le prince avoient été au parlement pour empêcher les assemblées, et pour obliger la compagnie à travailler seulement par députés à la recherche des articles de la déclaration, auxquels on prétendoit que le ministre avoit contrevenu : ce qui leur fut accordé. Mais après une contestation fort aigre, M. le prince parla avec beaucoup de colère, et l’on prétendit même qu’il avoit fait un signe du petit doigt, par lequel il parut menacer. Il m’a dit souvent depuis qu’il n’en avoit pas eu la pensée. Ce qui est constant, c’est que la plupart des conseillers le crurent ; que le murmure s’éleva ; et que si l’heure

  1. Mettre les tailles en parti : On entendoit par cette expression affermer cet impôt à des partisans qui faisoient des avances au Roi, et fouloient ensuite le peuple, en exerçant les droits du prince avec la dernière rigueur. (Voyez Histoire du Temps, seconde partie, pages 12 et suivantes.)