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bloit de louanges ces hommes orgueilleux, et il les appuyoit de l’influence que lui donnoit sa place : en retour, il trouvoit en eux la plus grande indulgence pour ses désordres. Ses projets gigantesques n’avoient encore rien de bien arrêté ; mais il vouloit être en état de prendre une attitude redoutable, aussitôt que l’occasion s’en présenteroit.

En 1645, il joua un rôle brillant dans l’assemblée du clergé de France. Ce corps croyoit avoir des plaintes à faire : et le coadjuteur s’étant montré le plus ardent défenseur de ses droits, il fut choisi pour porter les remontrances au pied du trône. Son discours, que nous avons trouvé dans un recueil presque inconnu[1], offre une hardiesse que la foiblesse de la régence peut seule expliquer. Il fut prononcé le 30 juillet, en présence du jeune Louis xiv, âgé alors de sept ans, et de la Reine sa mère. L’orateur commence ainsi :

« Sire, je porte à Votre Majesté des paroles qu’elle doit respecter, puisque ce sont celles de Dieu, qui, par la bouche de ses ministres, vous parle pour son épouse. L’Église, cette épouse sacrée de Jésus-Christ, cette mère féconde des fidèles, qui parle toujours à Dieu par dés prières, et qui ne s’explique jamais aux hommes que par des oracles, inspire aujourd’hui, en quelque manière, cette même conduite à ceux qui composent une de ses plus belles parties, qui est l’Église de France ; et fait qu’en qualité d’ambassadeurs du Dieu vivant (pour se servir des termes de saint Paul), ils viennent

  1. Théâtre de l’Eloquence, ou Recueil choisi des harangues, remontrances, etc. ; second recueil, page 60.