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notice

suffire pour pallier l’horreur d’un assassinat. Le complot échoua par des circonstances indépendantes de sa volonté.

Cependant le comte de Soissons ne tarda pas à s’unir aux Espagnols, qui lui fournirent des troupes. Ayant le projet de livrer une bataille qu’il croyoit gagner, il chargea l’abbé de Gondy, son correspondant le plus actif, d’exciter en même temps à Paris un soulèvement général. Il fut décidé qu’on commenceroit par procurer la liberté aux prisonniers de la Bastille, parmi lesquels se trouvoient les maréchaux de Bassompierre et de Vitry, et que ces deux généraux se mettroient à la tête des rebelles. Gondy trouva le moyen de concerter avec eux ce grand mouvement. Il contracta aussi des liaisons avec quelques officiers de la garde bourgeoise ; et pour se concilier la faveur du peuple, il distribua, à titre d’aumône, une somme de douze mille écus que lui avoit fait passer le prince. Ce fut par cette libéralité apparente qu’il forma dans la capitale le noyau d’un parti qui s’accrut par la suite, et qui le rendit aussi puissant que redoutable. Tout étoit prêt pour une insurrection, le succès paroissoit infaillible ; lorsqu’on apprit que le comte de Soissons avoit, il est vrai, gagné la bataille de la Marfée, mais qu’il avoit été tué peu d’instans après le combat (6 juillet 1641). Cet accident déconcerta entièrement les conjurés. L’abbé de Gondy, qui avoit espéré que le succès de son entreprise lui feroit quitter glorieusement l’état ecclésiastique, résolut d’y rester, dans l’espoir assez fondé de parvenir tôt ou tard au siège de Paris ; et il ne prit aucune part à la conjuration du 5 mars, qui fut découverte l'année suivante.