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DU CARDINAL DE RETZ.

fusoit obstinément de sortir de sa cellule des pères de l’Oratoire, elle se mit entre les mains du cardinal Mazarin.

Vous pouvez juger qu’il ne me fut pas difficile de trouver ma place dans ces momens, dans lesquels d’ailleurs on ne refusoit rien. Et La Feuillade, père de celui que vous voyez à la cour, disoit qu’il n’y avoit plus que quatre petits mots dans la langue française : La Reine est si bonne !

Madame de Maignelay et M. de Lizieux demandèrent la coadjutorerie pour moi et la Reine la leur refusa, en leur disant qu’elle ne l’accorderoit qu’à mon père, qui ne vouloit point du tout paroître au Louvre. Il y vint enfin une unique fois. La Reine lui dit publiquement qu’elle avoit reçu ordre du feu Roi, la veille de sa mort, de me la faire expédier ; et qu’il lui avoit dit, en présence de M. de Lizieux, qu’il m’avoit toujours eu dans l’esprit depuis les deux aventures de l’épinglière et de Coutenau. Quel rapport de ces deux bagatelles à l’archevêché de Paris ! Et voilà toutefois comme la plupart des choses se font.

Tous les corps vinrent remercier la Reine. Lesières, maître des requêtes et mon ami particulier, m’apporta seize mille écus pour mes bulles. Je les envoyai à Rome par un courrier, avec ordre de ne point demander de grâces, pour ne point différer l’expédition, et pour ne laisser aucun temps aux ministres de la traverser. Je la reçus la veille de la Toussaint. Je

    offre fut une ruse de Mazarin. Voyez, sur Philippe-Emmanuel, la note de la page 88.