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notice

du comte de Fiesque, en lui supposant même le succès le plus heureux, il prétend que, dans ce dernier cas, son héros seroit devenu l’un des souverains les plus puissans de l'Italie.

« La suite de l’entreprise du comte de Fiesque, dit-il, est un de ces coups que la sagesse des hommes ne sauroit prévoir. Si le succès en eût été aussi heureux que sa conduite fut pleine de vigueur et d’habileté, il est à croire que la souveraineté de Gènes n’eût pas borné son courage et sa fortune, et que ceux qui condamnèrent sa mémoire après sa mort auroient été les premiers à lui donner de l’encens pendant sa vie. Les auteurs qui l'ont noirci de tant de calomnies pour satisfaire la passion des Doria auroient fait son panégyrique par un intérêt contraire, et la postérité l’auroit mis au nombre des héros de son siècle. Tant il est vrai que le bon ou le mauvais événement est la règle ordinaire des louanges et du blâme que l’on donne à des actions extraordinaires. »

Ce coup d’essai d’un jeune homme, destiné par sa naissance aux plus grands emplois, révèle son caractère, et fait prévoir qu’il saisira la première occasion de prendre part aux troubles de l’État. On voit que la haine du repos est presque l’unique cause de son goût pour le désordre ; qu’il n’a en vue ni son intérêt bien entendu, ni celui de son pays ; et que le nom de factieux et de chef de parti est à ses yeux le plus beau titre de gloire. Il n’osa pas d’abord faire imprimer cet ouvrage ; mais l’ayant fait circuler manuscrit, il en tomba une copie entre les mains de Boisrobert, qui la porta au cardinal de Richelieu. Ce ministre,