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DU CARDINAL DE RETZ.

foiblissoit, et l’archevêché de Paris commençoit à flatter mon ambition. Je ne me résolus donc pas seulement à suivre, mais à faire ma profession. Tout m’y portoit : madame de Guémené s’étoit retirée depuis six semaines dans la maison de Port-Royal : M. d’Andilly me l’avoit enlevée. Elle ne mettoit plus de poudre, elle ne se frisoit plus, et elle m’avoit donné mon congé dans la forme la plus authentique que l’ordre de la pénitence pouvoit demander.

Si Dieu m’avoit ôté la place Royale, le diable ne m’avoit pas laissé l’Arsenal, où j’avois découvert, par le moyen du valet de chambre mon confident, que j’avois absolument gagné, que ***, capitaine des gardes du maréchal, étoit pour le moins aussi bien que moi avec la maréchale de La Meilleraye. Voilà de quoi devenir un saint. La vérité est que j’en devins beaucoup plus réglé, au moins pour l’apparence. Je vécus fort retiré ; je ne laissai plus rien de problématique pour le choix de ma profession. J’étudiai beaucoup, je pris habitude avec tout ce qu’il y avoit de gens de science et de piété. Je fis presque de mon logis une académie ; j’observai avec application de ne pas ériger l’académie en tribunal. Je commençai à ménager sans affectation les chanoines et les curés que je trouvois très-naturellement chez mon oncle. Je ne faisois pas le dévot, parce que je ne me pouvois pas assurer que je pusse durer à le contrefaire ; mais j’estimois beaucoup les dévots : et, à leur égard, c’est un des plus grands points de la piété. J’accommodois même mes plaisirs au reste de ma pratique. Je ne me pouvois passer de galanterie : mais je la fis avec madame de Pommereux, jeune et coquette, de la manière qui me