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que l’on luy faisoit injure, dont il chargeoit ceux de Guise : ce qui aida encore à nourrir et augmenter l’inimitié entre ces deux maisons.

Au mesme temps l’on publia un livre en forme de requeste adressée au roy de Navarre et autres princes du sang par les sujets du Roy, plein de contumelies et injures contre la maison de Lorraine, qu’il n’est icy besoin de reciter, mais seulement la conclusion, qui estoit pour délivrer la France de sa domination par les princes du sang. Cela estoit une invention meslée avec l’animosité pour inciter toujours le roy de Navarre, le prince de Condé et les autres princes du sang, les seigneurs et les peuples contre cette maison-là, contre laquelle à tous propos les huguenots faisoient imprimer quelques libelles injurieux. Sur quoi on prit un imprimeur qui avoit imprimé un petit livre intitulé le Tigre, dont l’auteur présumé[1] et un marchand furent pendus pour cette cause.

En ce temps le prince de Condé, qui ne pouvoit plus temporiser ny dissimuler ce qu’il avoit en l’esprit, écrivit à tous ses amis, les priant qu’ils ne l’abandonnassent au besoin. Mais le porteur de ses lettres avec leurs responses fut surpris et mené à Fontainebleau, entre lesquelles s’en trouva une du vidame de Chartres[2],

  1. Dont l’auteur présumé. On ne put arrêter l’auteur. Un malheureux libraire, nommé l’Hommet, chez qui l’on avoit trouvé un exemplaire du libelle, fut pendu. Un marchand qui lui témoigna de la pitié pendant qu’il alloit à l’échafaud, fut saisi et exécuté peu de temps aprés comme complice.
  2. Du vidame de Chartres. François de Vendôme. Il avoit été l’amant de Catherine de Médicis, qui le sacrifie dans cette occasion. Il fut enfermé à la Bastille, et mourut aux Tournelles où il avoit été transféré pour être jugé par les chevaliers de l’ordre de Saint-Michel dont il étoit membre.