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noistre, et les trouva si esperdus et sans chef, que plusieurs pauvres gens, qui ne sçavoient ce qu’ils faisoient, jettoient à terre quelques mauvaises armes qu’ils portoient, et demandoient pardon : desquels les uns furent faits prisonniers, les autres renvoyez pour leur simplicité, après avoir assuré qu’ils ne sçavoient autre chose de l’entreprise, sinon qu’il leur avoit esté assigné jour pour voir presenter une requeste au Roy, qui importoit pour le bien de son service et celuy du royaume.

La Renaudie fut tué d’un coup d’arquebuse par le baron de Pardeillan[1], après que ledit de La Renaudie eut tué son serviteur. Le baron de Castelnau de Chalosse se rendit au duc de Nemours sur la parole qu’il luy donna de luy sauver la vie, voyant qu’il ne pouvoit se sauver ny resister, et monstra beaucoup de constance et de resolution, tant à respondre aux interrogatoires qui luy furent faits, qu’à se disposer de mourir, estant hors d’esperance de misericorde. Il y en eut beaucoup d’autres pris et pendus pour servir d’exemple en un cas si nouveau, et en fut attaché quelque nombre aux creneaux du chasteau, pour estonner les autres ; plusieurs furent aussi devalisez par les chemins, tant par les peuples que par les courtisans. De

  1. La Renaudie fut tué d’un coup d’arquebuse par le baron de Pardeillan. Regnier de La Planche, historien contemporain, raconte autrement la mort de La Renaudie. Selon lui, Pardaillan, parent de La Renaudie, suivi de quelques serviteurs, le rencontra dans la forêt de Château-Renault. Ils se battirent, le pistolet de Pardaillan ne put prendre feu, et La Renaudie le tua de deux coups d’epée ; puis il fut frappé lui-même d’un coup d’arquehuse dont il mourut sur-le-champ. Son corps fut porté à Amboise, et pendu sur le pont : un écrit étoit attaché à son cou, et portoit ces mots : Chef de rebelles.