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regimens de s’avancer pour les soustenir, et en mesme temps Beauvais La Nocle et La Louë, avec trois cens chevaux, les chargèrent en flanc, si bien que le capitaine Sainct Loup, lieutenant de Strossi, qui s’estoit avancé au-delà du vallon, soustenu de quatre cornettes italiennes, fut contraint de se retirer dans ses barricades, lesquelles estant assaillies en divers endroits, tant de la cavalerie que de l’infanterie, enfin furent forcées, et Strossi, après avoir fait tout devoir de bon capitaine, ne voulant gagner la montagne, comme quelques autres firent, fut prisonnier, et son lieutenant tué sur la place, auquel plus de quatre cens soldats des siens firent compagnie ; lors l’Admiral ne voulant se hasarder de passer plus outre et poursuivre le premier succès de cette charge, commanda a la cavalerie de se retirer chacun sous sa cornette et l’infanterie sous son drapeau, aussi que nostre artillerie pointée sur une colline commençoit fort à les endommager.

La pluye, qui fut continuelle ce jour-là, fut aussi en partie cause que le duc d’Anjou ne voulut hasarder la bataille ; le lendemain se passa en legeres escarmouches, et le troisiesme jour l’armée des princes s’estant éloignée de la nostre, le duc résolut de la licencier pour l’envoyer rafraischir aux garnisons prochaines de la Guyenne, tant parce qu’elle estoit fort harassée à cause des grandes traités et continuelles courvées qu’elle avoit fait, que pour la disette et nécessité de vivres qu’il y avoit en Limousin ; en sorte que la pluspart des soldats y mouroient de faim, et n’y trouvoit-on plus de foin ny d’avoine pour les chevaux : peu de jours après, le duc d’Anjou partit pour aller à Tours, où il demeura quelque temps avec Leurs Majestez.