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jonctions l’establissement de toutes leurs affaires. Or, comme j’avois recogneu Leurs Majestez mal-satisfaites des ducs de Nemours et d’Aumale, je trouvay que le duc d’Anjou ne l’estoit pas moins de beaucoup de capitaines de son armée, qui, à faute de payement, demandoient congé de se retirer en leurs maisons, comme quelques-uns avoient fait ; la pluspart aussi des soldats se desbandoient tous les jours, tant à faute de payement que pour ce qu’ils avoient grandement paty en l’armée, en partie à cause de l’hyver, qui avoit esté fort grand cette année, et de beaucoup de maladies qu’ils avoient reçues, dont grand nombre estoient morts ; en sorte que l’infanterie estoit reduite à une moitié, la cavallerie au tiers, à qui il estoit deu près de trois mois de leurs services : ce qui donnoit beaucoup de mescontentement au duc, qui recevoit les plaintes d’un chacun ; aussi blasmoit-il fort ceux qui estoient du conseil de Leurs Majestez, pour le peu d’ordre qu’ils apportoient de faire tenir de l’argent, à quoy, de leur costé, ils estoient assez empeschez, s’estonnans comme les huguenots, qui en devoient bien avoir moins, pouvoient entretenir si long-temps une armée sur pied, et faire venir tant d’estrangers, ausquels il falloit beaucoup d’argent.

Ce qui fit resoudre la Reyne mere quelques jours après de venir à Limoges, tant pour voir quels moyens il y auroit de faire une bonne paix, que pour adviser, en cas qu’elle ne se peust faire si-tost, aux remedes nécessaires pour la conservation de l’Estat, comme aussi pour donner courage aux gens de guerre, et les contenter par belles paroles et promesses, attendant que partie de la levée fust faite des deniers de la sub-