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qui fut environ le dixiesme de may, fit camper ses lanskenets aux deux vallons lesquels regardent la porte de Nevers : estant iceux couverts de vignes qui sont là autour, et ayant logé trois coulevrines sur un terrain qui est elevé, fit battre la porte de Nevers et sa courtine. Le marquis de Renel, d’autre part, avec trois moyennes, faisoit battre tout le long de la courtine pour empescher les assiegez de reparer les bresches qu’y faisoit la batterie du duc, qui continuoit sans relasche, en sorte que le capitaine ayant abandonné la place sur le prétexte qu’il prit (fort mauvais, toutesfois) d’aller luy-mesme donner advis au duc d’Anjou du peu de moyen qu’il y avoit de conserver la ville, si elle n’estoit promptement secourue, les habitans bientost après demandèrent à parlementer pour avoir armes, vies et bagues sauves : mais les François, autant desireux de l’honneur que du butin, s’estant hasardez de monter la nuit par une corde en un certain endroit de la muraille mal gardé, qui leur fut enseigné par quelques gens de la ville, entrerent file à file les uns après les autres, et bientost après les lanskenets les suivirent pour avoir leur bonne part du butin. Le duc perdit fort peu de gens ; entr’autres Duilly, lorrain, gendre du mareschal Vieilleville, y fut frappé d’un boulet d’une des pièces qui sortit de la ville, dont il mourut ; de ceux de la ville il y en eut bien soixante de tuez ; Guerchi y fut laissé gouverneur avec cinq compagnies de gens de pied et quelque cavalerie.