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sur les Gueux, avec mille paroles pleines de braveries et d’ostentations accoustumées à ceux de sa nation, qui seroient trop inutiles d’inserer en ces Mémoires.

Donc, pour ne perdre temps pendant mon séjour, ayant donné l’ordre que ses troupes fussent prestes, après qu’elles eurent fait monstre, et que j’eus pris congé de luy, je les fis acheminer avec telle diligence, qu’en moins de dix jours nous joignismes l’armée des ducs de Nemours et d’Aumale en Bourgogne, assez à temps pour combattre le duc des Deux-Ponts, aussi fort en cavalerie, mais moindre en infanterie que nous, si ces deux généraux eussent esté bien unis, et eussent pris les occasions qui s’offrirent deux ou trois fois de le combattre avec avantage, en dix-sept jours que nostre armée costoya la sienne, qui ne fut jamais attaquée qu’en quelques logemens, à diverses et legeres escarmouches, sinon à Nuyts au passage de la rivière, auquel il sembloit que le combat dust estre plus grand qu’il ne fut.

Mais le duc d’Aumale se contenta, pour ce jour là, de repousser un regiment de cavalerie commandé par Schomberg, lequel le duc des Deux-Ponts, qui estoit logé à l’abbaye de Cisteaux, avoit fait avancer pour passer la rivière ; ce qu’ayant fait, fut contraint de retourner avec perte de quarante ou cinquante des siens, avec quelques prisonniers ; mais estant soustenu de leur cavalerie, il fit ferme. Lors le duc d’Aumale commanda au comte de Charny, qui avoit commencé cette première charge avec les compagnies du duc de Lorraine, du marquis de Pont son fils, et autres troupes, de tenir bride en main, en partie à cause que l’artillerie des huguenots, qui estoit pointée sur une colline