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retraites des princes à La Rochelle, ne s’estoient voulu hasarder de venir en France, et la traverser : ce qu’ils n’eussent pu faire aussi sans grand péril ; lesquelles troupes ont depuis bien aidé à faciliter le passage du duc des Deux-Ponts.

Mais, pour retourner au duc d’Alve, après m’avoir fait mille protestations du desir qu’il avoit de servir Leurs Majestez en cette occasion et en toutes autres, il m’asseura qu’il me donneroit dans dix jours deux mille hommes de pied, et deux mille cinq cens bons reistres, sous la charge du comte de Mansfeld, gouverneur de Luxembourg, me priant d’en escrire à Leurs Majestez, et leur confirmer toutes assurances de son entière affection à leur service, leur donnant conseil et advis de ne faire jamais paix avec leurs sujets rebelles, et encore moins avec des huguenots ; mais bien de les exterminer, et traiter les chefs, s’ils pouvoient jamais tomber entre leurs mains, de mesme qu’il avoit fait les comtes d’Egmont et de Horne, ausquels il avoit fait trancher les testes, pour avoir esté factieux et rebelles au roy d’Espagne leur maistre, bien que tous deux fussent fort recommandables pour la grandeur de leurs maisons et de leurs services, s’estant le comte d’Egmont fort signalé à la journée de Sainct-Quentin, pour avoir bien fait et esté en partie cause du désastre des François et prise du Connestable, comme aussi de la défaite du mareschal de Termes à Gravelines, adjoustant le duc d’Alve beaucoup de discours de ses faits et de la bataille d’Emden[1], qu’il avoit gagnée

  1. De la bataille d’Emden. Cette action est plus connue sous le nom de bataille de Gemmingen. Le duc d’Albe y défit le prince Louis de Nassau le 21 juillet 1568.