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fis passer le Rhin, nonobstant les levées que faisoit le duc de Deux-Ponts, qui pouvoient estre cinq mille reistres et quatre mille lanskenets.

Estant arrivé à Mets avec le marquis, Sa Majesté me commanda incontinent après d’aller trouver le duc d’Alve, et le prier d’un second secours, et tel que l’ambassadeur du roy d’Espagne avoit fait espérer au Roy, comme estant leurs interests joints et communs à la ruine des huguenots, autant factieux et rebelles en Flandre que nos huguenots en France ; s’asseurant qu’estant son secours joint à l’armée que commandoient les ducs de Nemours et d’Aumale, lesquels Sa Majesté avoit fait alternativement ses lieutenans-generaux en l’armée de Champagne, il empescheroit l’entrée du royaume au duc des Deux-Ponts, où pour le moins, avant qu’il passast plus avant, seroit combattu en telle sorte qu’il ne luy resteroit qu’un repentir d’avoir entrepris legerement l’injuste defense de mauvais sujets contre leur Roy.

Ce qu’ayant fait entendre au duc, je le trouvay beaucoup plus prompt au secours que je luy demandois, qu’il n’avoit esté avant la bataille Sainct-Denys ; aussi qu’il estoit piqué au jeu, et fort animé contre les huguenots de France, qui avoient, incontinent après la publication de la paix et de l’edict en France, aidé à entretenir en Flandre la guerre qu’il faisoit au prince d’Orange, comte Ludovic, son frère, et de Mansfeld, ayant envoyé douze cornettes et deux mille hommes de pied sous la charge de Genlis, Morvilliers, marquis de Renel, et Dautricour, Mouy, Renty, Esternay, Feuquières et quelques autres, lesquels estans demeurez en Brabant après ces troisiesmes troubles et