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delot et La Noue, qui rallierent ce qu’ils avoient de cavalerie, firent un tel effort pour soustenir le choc, que plusieurs, de part et d’autre, furent tuez et blessez, comme aussi en un passage que Fontrailles, qui commandoit à un régiment de mille hommes, avec Clavau et Languillier, avoient quelque temps deffendu sur une chaussée d’estang, dans lequel après avoir esté forcez, plusieurs furent vus tomber par la presse qu’ils avoient au passage. Ce que voyant, le prince de Condé qui y estoit arrivé en la plus grande diligence qu’il avoit pu, ayant avec lui Montgommery, les comtes de La Rochefoucauld et de Choisy, Chandenier, le baron de Montandre, Rosny, Pxenty, Montjan, Chastelier, Portaut, et plusieurs autres qui avoient des troupes, vint si furieusement à la charge, qu’il arresta fort court nostre avant-garde, et renversa les premiers qui l’affrontèrent ; mais à l’instant le duc d’Anjou, qui avoit tousjours auprès de luy Tavannes, comme l’un des plus expérimentez capitaines de nostre armée, s’estant avancé à la main droite du costé de l’estang, accompagné du comte Rhingrave et Bassompierre avec leurs reistres et autres troupes françoises du comte de Tende, le chargea en flanc avec tant de furie, que beaucoup ne pouvans soustenir une si rude rencontre, estans en fort grand désordre, furent mis à vauderoute ; quelques-uns tinrent ferme et aimèrent mieux mourir en combattant, ou tomber à la mercy de leurs ennemis, que de tourner le dos ; quelques autres se retirèrent.

Ce fut lors que le prince de Condé, ayant eu son cheval blessé, et luy porté par terre, et abandonné des siens, appella Argens, qui passoit devant luy, auquel il donna sa foy et son espée pour estre son pri-