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CHAPITRE III.


La Reyne mere offre la paix au prince de Condé. Siège de Sancerre par les catholiques levé. Prise de l’abbaye de Sainct Michel et des places de Saincte-Foy et Bergerac par les huguenots. Défaite de Montgommery ; son entreprise sur Lusignan manquée. Entreprise sur Dieppe par Cateville et Lyndebeuf, découverts et chastiez. Autre entreprise des huguenots sur le Havre. Exploits du duc d’Anjou en Angoumois. Son dessein sur Coignac. Il passe la Charente pour aller aux ennemis. Son stratagesme pour leur oster la cognoissance de son passage.


Lors la Reyne mere, fort ennuyée des troubles qui travailloient ce royaume, et toujours désireuse de chercher quelque remède au mal qui alloit croissant, envoya un nommé Portal[1], qui avoit esté long-temps

  1. Un nommé Portal. Si l’on en croit Le Laboureur, le choix de cet envoyé n’étoit pas heureux. « On ne doit point employer, dit-il, dans un mystère si sacré, ny de petites gens, ny des personnes notées, et qui n’ayent pas un fonds de réputation capable de répondre du trésor qu’on leur met entre les mains ; et quand on en use autrement, ce ne sont que des espies ou des personnages comiques d’ambassadeurs, qui sont pour entretenir la scène pendant qu’on médite quelque ruse pour éloigner plutôt que pour conclure la paix, et pour en laisser le reproche à son ennemy. Je ne sçay rien de Bérenger Portal, sinon qu’il estoit receveur-général des finances à Agen ; maia j’ay un arrest du conseil d’Estat, donné à Moulins le 24 janvier 1566, justement deux ans avant son ambassade, par lequel, sur le rapport du premier président Seguier et de l’avocat-général Dumesnil, commis pour l’interroger, il luy est défendu d’approcher la Cour de dix lieues, à peine de la hart, et ce, pour calomnie, et pour avoir accusé Charles Le Prévost, sieur de Grandville, de malversation en sa charge d’intendant des finances, dont il fut renvoyé absous. »