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amuser l’ennemy, fit cependant sa retraite à Jasenueil, où le duc estoit avec la bataille. Le lendemain le prince de Condé et l’Admiral, ayans marché sur ses mesmes pas, envoyèrent descouvrir l’estat et disposition de l’armée du duc, en résolution de le combattre ; mais, advertis de l’avantage du lieu, tant pour avoir les advenues difficiles que pour estre bien retranché et flanqué, ayant paru dans la plaine de Jasenueil, firent tenir bride en main à leur cavalerie, pendant que leur infanterie employoit le reste du jour en escarmouches avec celle du duc, lequel, le lendemain, prit le chemin de Poictiers.

Le prince de Condé lors, après plusieurs desseins, delibera de s’asseurer d’un passage sur la riviere de Loire, pour plus librement rallier ses partisans, qui n’estoient encore tous avec luy ; et, pour cet effet, s’achemina avec l’Admiral et son armée à Touars, et de là tira à Saumur, où Sainct-Sevar commandoit avec forte garnison ; et d’autant que l’abbaye Sainct-Florent, où il y avoit quelques gens de pied, leur importoit pour la facilité du passage, d’Andelot l’assiege et la prend ; et, pour revanche des soldats qui avoient esté tuez à Mirebeau, que Brissac et du Lude avoient pris quelques jours auparavant, ayant la capitulation par eux esté mal gardée, passe au fil de l’espée tous les soldats de la garnison.

Cependant le duc d’Anjou s’acheminoit à Loudun pour l’assiéger, ce qui fit changer le dessein du prince de Condé, qui alla aussi-tost au-devant de luy, en intention de luy presenter la bataille, et furent trois ou quatre jours les deux armées à une lieue l’une de l’autre devant cette ville, avec une fiere et esgale con-