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Roy, d’autre costé, s’armant de ses edicts, revoque tous ceux qui avoient esté faits en faveur d’iceux, et defend en son royaume toute autre religion que la catholique, apostolique et romaine, sous les peines aux contrevenans de confiscation de corps et de biens, avec commandement aux ministres d’en sortir dans quinze jours ; et par un autre, qui fut aussi publié à Paris, suspend de leurs estats et chargea tous les officiers qui font prefession de la nouvelle opinion, desquels Sa Majesté declare ne se vouloir servir : edicts qui servent d’autant d’esperons pour faire haster tous les huguenots de France de se liguer et prendre les armes, mesme ceux qui escoutoient en leurs maisons, desquels le prince de Condé et l’Admiral ne font pas grand estat, sinon pour s’en servir vers les princes estrangers de leur opinion, à tous lesquels ils escrivent pour leur faire entendre que l’on ne les poursuit pas comme rebelles et séditieux, mais pour le seul fait de la religion.

Et cependant, en peu de temps, ils se rendent maistres de plusieurs bonnes villes, comme de Sainct-Maixent, Fontenay, Niort, Sainct-Jean d’Angely, Pons, Blaye, Taillebourg et Angoulesme, sans que le duc de Montpensier y pust donner secours, en partie à cause de la descente des Provençaux, sous la conduite d’Acier, de Mouvans, d’Ambres, Montbrun, Pierre Gourde, et autres chefs huguenots du pays, qui, ayans passé la Dordogne, s’avançoient pour se joindre au prince de Condé, le passage desquels il vouloit empescher ; et pour cet effet les ayant joints et rencontrez auprès de Messignac, il tailla en pièces plus de trois mille hommes de pied, et près de trois cens chevaux, en laquelle defaite Mouvans et Pierre Gourde perdirent la vie.