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longuement, et que le Roy, ayant les villes en sa puissance, et les huguenots desarmez, ne pourroit endurer ce que par contraincte il leur avoit accordé de peur de perdre l’Estat.

Les huguenots, d’autre part, estoient fort las de la guerre, tant pour le peu de moyens qu’ils avoient de supporter une telle despence en cette guerre, que pour autres considerations ; car le Roy, se resolvant de mettre toutes choses à l’extrémité, les eust peu ruiner à la longue, parce que Sa Majesté n’eust manqué de secours du Pape, du roy d’Espagne, et des princes catholiques, qui eussent esté bien aises de maintenir la guerre en France. Ce qui les fit en partie resoudre de recevoir plustost une paix douteuse, que tirer avec leur ruine celle de tout le royaume, qui estoit inevitable, où ils eussent eu la plus petite part, comme auront tous ceux qui appelleront les estrangers à leurs secours, sous quelque pretexte que ce soit, de religion ou autre remuement d’Estat. Neantmoins, si les huguenots, recherchez de la paix, au lieu qu’ils la devoient demander les premiers, eussent insisté de garder un an, pour leur seureté, la pluspart des villes et forteresses qu’ils avoient occupées, l’on les leur eust laissées pour gage de ce que l’on leur promettoit. Et est croyable que la guerre n’eust pas si-tost recommencé, comme elle a fait quatre mois après, les estrangers estant à peine hors du royaume.

Aussi estoit-ce la difficulté de trouver de l’argent pour les payer ; car le Roy, par le traicté de la paix, prenoit la charge entiere de contenter le duc Casimir, et entroit en la capitulation que le prince de Condé avoit faite avec luy, laquelle portoit de rudes