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arrivant à Rethel, me mandèrent que l’argent partoit de Paris avec les tresoriers et controlleurs pour faire la monstre ; mais, avant qu’ils fussent là, que j’eusse à prendre la poste pour les venir trouver au plustost qu’il me seroit possible à Paris, afin de leur rendre compte moy-mesme de mon voyage, outre quelqu’autre particulier commandement qu’ils me vouloient donner.

Sur quoy estant party et arrivé à Paris, incontinent que Leurs Majestez me virent, comme elles m’avoient dit, lors que je fus despesché pour effectuer cette commission, que ce seroit le plus grand et notable service que je leur pourrois jamais faire, et à la couronne, d’amener en diligence cette armée de reistres, aussi nie dirent-elles lors que je m’estois trop hasté, d’autant que tous les plus sages du royaume avoient conseillé, avec la nécessité du temps, de faire la paix ; autrement que l’Estat estoit perdu ou, pour le moins fort esbranlé par le grand nombre d’estrangers qui estoient en France, laquelle estoit entierement ruinée, et les peuples desesperez.

Davantage, que Chartres estoit assiegée de l’armée des huguenots, et en telle necessité, que les premières nouvelles qu’on en attendoit, ce seroit la prise. Que de là à Paris il n’y avoit que bien peu de chemin, où Leurs Majestez se contentoient d’avoir donné la bataille de Sainct-Denys, en laquelle estoient seulement des François ; mais que d’y avoir tant de reistres et estrangers les plus forts, cela estoit trop hasardeux. Quoy voyant le Roy, estoit resolu de traiter la paix avec les huguenots, et pour cet effet avoit desjà asseurance du prince de Condé et de l’Admiral, qui ne demandoient