Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/409

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont ils donnèrent advis au duc d’Anjou qui estoit à Vitry.

[1568] Incontinent, Sa Majesté m’envoya devers eux regarder s’il y avoit moyen de les combattre, qu’il leur envoiroit trois mille chevaux et le comte d’Aremberg. Surquoy les sieurs d’Aumale, de Guise et le cardinal de Lorraine s’assemblèrent pour me faire response, laquelle me fut faite par Tavannes, duquel ils prenoient entièrement le conseil : qui est que, si l’on eust fait cet offre auparavant que le duc Casimir se fust joint avec les huguenots, et eust fait la monstre et reçu argent, qu’ils avoient tiré et emprunté jusques ès-bourse des laquais, avec trois mille chevaux et les troupes du comte d’Aremberg, l’on eust pu faire quelque chose ; mais que pour lors il falloit prendre autre délibération, qui estoit de partir eux-mesmes avec ce qu’ils avoient de forces pour aller joindre le duc, et envoyer en Adlemagne, Italie Espagne et de tous costez vers les amis du Roy pour demander aide et secours, et n’y espargner rien.

Estant de retour avec cette response, il fut résolu d’aller à Troyes, et y mener l’armée du Roy pour avoir commodité de vivres, et la tenir forte contre les huguenots, qui avoient toutes leurs forces, ce qui fut fait. Et à l’instant l’armée huguenotte s’achemina en Bourgogne pour y vivre plus commodément que par la Champagne, que nous avions mangée ; et prit, força et saccagea Mussi, Crevant et autres villes, desquelles les pauvres habitans furent entièrement rumez. Cependant les autres provinces du royaume n’estoient pas exemptes des maux et calamitez de cette guerre civile ; car en Provence les huguenots prirent la ville de Ciste-