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chemin, qui n’avoient servi qu’à les penser attraper, pour leur oster la vie et la religion, afin d’acquiescer à la passion de ceux de Guise.

D’autre part l’on faisoit entendre au Roy qu’il n’est jamais honorable au prince souverain de capituler avec son sujet. En quoy il estoit mal conseillé ; car nécessité force la loy, et vaut beaucoup mieux plier que rompre en matière d’Estat, et s’accommoder au temps pour avoir la paix que d’en venir à une guerre civile, qui peut mille fois davantage diminuer l’authorité et puissance du souverain, qu’un traité fait avec son sujet, quand mesme il ne seroit né prince du sang. Et est tousjours bon de chercher le remède aux périlleux accidens par les voyes d’un accord honorable. Ne voit-on pas les roys et les princes tous les jours contracter avec leurs moindres sujets, leur obliger la foy et les biens ? chose que le sujet et vassal ne feroit jamais, s’il estoit illicite de contracter avec son roy et seigneur, et s’il ne luy gardoit la foy, comme l’on disoit qu’il n’y estoit pas tenu : opinion fort pernicieuse ; car les roys, d’autant plus qu’ils sont élevez par-dessus les autres hommes, d’autant plus aussi doivent-ils tenir leur parole et leur foy, le plus asseuré fondement de la societé humaine, et sans laquelle l’on ne pourroit jamais trouver de fin asseurée aux guerres civiles et estrangeres. L’edict d’Orleans n’avoit-il pas mesme servy près de quatre ans pour nous tenir en paix ? aussi avoit-il esté publié es parlemens, à la requeste des procureurs du Roy, et n’y avoit en cela autre seureté que la foy et parole de Sa Majesté, laquelle n’a point esté violée de son costé. Car les huguenots, sur une opinion vray-semblable ou imaginaire que je laisse à chacun libre de juger, eurent re-