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qui fut mise en quelque désordre, et mesme les gens de pied du Connestable. Le prince de Condé, voyant la meslée de ses deux costez, devança ses gens de pied, qu’il avoit aussi deliberé de faire marcher devant luy, pour aller avec sa cavalerie charger la bataille où estoit le Connestable, qui tint ferme, encore que partie de ses troupes fussent chargées si rudement que la pluspart ne tinrent pas coup.

Le Connestable, se voyant environné des ennemis, et blessé devant et derrière, faisoit tout ce qu’un chef d’armée eust sceu faire, et donna si grand coup a Stuart, escossois, qu’il luy rompit deux dents en la bouche. Le mareschal de Cossé, voyant que les troupes de Genlis se retiroient, et que le mareschal de Montmorency avoit soustenu et mis en route ce qui s’estoit présenté devant luy, s’avança pour secourir le Connestable. Ce que voyant l’Admiral, et que le mareschal d’Amville avoit encore une troupe qui n’avoit point combattu, et faisoit ferme pour attendre l’occasion, et que plusieurs des troupes de l’armée du Roy se rallioient, fut d’avis, la nuit s’approchant, de faire retraicte à Sainct-Denys, s’ils n’estoient poursuivis des nostres, comme ils ne furent pas, car l’armée du Roy ne jugea pas les en pouvoir garder.

Et ainsi le champ de bataille nous demeura, la victoire toutesfois entremeslée de quelque dommage. Les morts furent emportez et les despouilles par les nostres. Le Connestaljle, fort blessé, mourut trois jours après, âgé de soixante et dix-huit ans[1], neantmoins encore fort et robuste, lequel n’avoit jamais tourné la

  1. Agé de soixante et dix-huit ans. Le connétable avoit soixante quatorze ans. Il mourut le lendemain de la bataille de Saint-Denis.