Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/398

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et ainsi le Connestable ordonna ses forces en bataille pour combattre le prince de Condé, s’il se presentoit, comme il fit, et plus foible que l’armée du Roy, parce que d’Andelot et Montgommery estoient allez pour nous combattre ou nous empescher le passage de Poissy, comme j’ay dit. Neantmoins le prince, de naturel chaud et ardent, pour combattre et voir les ennemis, résolut avec l’Admiral de sortir de Sainct-Denys, et mettre sa cavalerie en bataille, selon l’ordre ancien des François, en haye, parce qu’il n’estoit assez fort pour doubler ses rangs. En fit trois troupes, dont estoient de la sienne les comtes de Saulx[1] et de La Suze, les sieurs de Couchavannes, de Scecheles, les vidames de Chartres et d’Amiens, d’Esternay, Stuart et autres, qui sortirent de Sainct Denys pour se représenter en teste au Connestable. À sa dextre marchoit l’Admiral, du costé de Sainct-Ouin, avec lequel estoit Clermont d’Amboise. À sa gauche estoit Genlis du costé d’Aubervilliers. Et mirent aussi leur infanterie en trois troupes, comme la cavalerie.

Le Connestable, ayant fait mener quantité d’artillerie, fit tirer plusieurs volées à Genlis, qui l’endommageoient fort et ses troupes. Ce que voyant, le prince de Condé luy envoya dire qu’il fist avancer son infanterie devant la cavalerie ; ce qu’il fit avec beaucoup de dommage aux nostres. Et, au mesme instant donna avec la cavalerie de l’autre costé et à la dextre du prince de Conde, vers Sainct-Ouin ; l’Admiral fit aussi avancer ses gens de pied, qui firent pareillement grand dommage aux nostres. Et luy-mesme donna avec sa cavalerie, laquelle rencontroit la gauche du Connestable,

  1. Comte de Saulx. François d’Agoult, comte de Sault.