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et comme je trouvois plus d’apparences de belles paroles, de bonnes cheres et braveries, que d’effets au duc ; et qu’en attendant que ces troupes fussent prestes à marcher, Sa Majesté me mandast sa volonté. Sur ce il me fut escript, par deux courriers en mesme temps, d’essayer encore une fois d’obtenir ma premiere demande ; et, s’il ne vouloit l’octroyer, luy demander douze compagnies de chevaux legers espagnols et italiens, pour marcher en diligence à Senlis, sinon que j’advisasse de quelque cavalerie et gendarmerie du pays ; que, pour le regard des lanskenets, le Roy ne les vouloit nullement, ayant ses six mille Suisses, qui estoient assez. Je ne perdis pas une heure de temps à prier et presser le duc de me faire response, où il demeura entier en celle qu’il m’avoit desjà faite.

J’acceptay, ne pouvant mieux, la gendarmerie du pays, et le remerciay de ses lanskenets, le suppliant que ce qu’il bailleroit fust prest dedans trois jours à marcher. Il m’envoya, aussi-tost que je fus en mon logis, le comte d’Aremberg, autrement le seigneur de Barbanson, l’un des honnestes seigneurs et bons chefs de guerre qui fussent dedans les Pays-Bas, me dire que le duc d’Alve luy avoit donné la charge de huit compagnies de la gendarmerie des Pays-Bas, qui feroient près de seize cens chevaux ; et outre cela qu’il y avoit plus de deux ou trois cens gentilshommes du pays, et de ses amis, tous volontaires, qui offroient de venir, pourveu que je priasse le duc de leur donner congé. Lequel j’allay trouver aussi-tost pour l’en prier, et communiquer avec le comte d’Aremberg de nostre parlement. Ce qui fut accordé et résolu, mais non si-tost que je le désirois ; car il se passa plus de quinze