Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 33.djvu/392

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

uns, chacun y voudroit aller, tellement qu’il demeureroit seul. Parquoy il insistoit tousjours d’y aller lui-mesme, dont j’estime qu’il avoit le cœur bien esloigné, et n’avoit plus grand plaisir que de nous voir à la guerre ; car s’il eust voulu me bailler promptement les forces que je luy demandois, il est croyable que les huguenots se fussent trouvez pris des deux costez à Sainct-Denys. Or, je n’oubliay rien pour le presser, non-seulement le second jour, mais six ou sept après, sans pouvoir tirer de luy aucune response que les précédentes.

Cependant le Roy, qui n’attendoit que ce secours d’Espagnols, et qui avoit secrettement fait preparer toutes choses à Senlis pour les recevoir, afin d’aller de là à Sainct-Denys, m’envoyoit tous les jours des courriers, comme ils pouvoient eschapper, pour me haster. Quoy voyant, je me resolus de faire instance au duc de se resoudre sur ma demande, ou me permettre de m’en retourner. Sur quoy il me remit au lendemain, qu’il me pria de disner avec luy, où enfin il me dit qu’il luy estoit impossible de laisser aller les Espagnols, ny les deux mille chevaux legers, sans aller luy-mesme ; mais que volontiers il me bailleroit quatre ou cinq mille lanskenets, de long-temps entretenus aux Pays-Bas, sous la charge du comte Ladron[1], et avec cela quinze ou seize cens chevaux de la gendarmerie des Pays-Bas, desquels il se deffioit aucunement ; qui estoit autant ou plus de forces que je ne luy en demandois. Et se ferma entierement là-dessus ; mais ils ne se pouvoient mettre ensemble pour marcher de vingt jours. Ce que je manday au Roy, qui se renforçoit à Paris,

  1. Ladron, lisez Lodron.