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assembler leurs compagnies et leurs amis afin de nous attendre sur la frontière et faire donner des vivres. Et après avoir repu, je me deliberay d’aller toute la nuit à Cambray, parce que Humières avoit advis qu’il se faisoit une assemblée de huit ou neuf vingts chevaux entre Peronne et Cambray, sous la conduite de quelques huguenots de ce pays-là, comme il estoit vray, et faillirent de me charger par le chemin.

J’avois envoyé à Cambray, où l’evesque et le gouverneur de la citadelle m’avoient fait autrefois bonne chere, afin qu’ils me fissent ouvrir les portes environ deux heures avant le jour, et de là je trouvay toute seureté pour aller à Bruxelles où estoit le duc d’Alve, qui me reçut fort favorablement en apparence, avec la commission que j’avois eue ; et après avoir un peu pensé et vu les lettres de Leurs Majestez et celles de l’ambassadeur d’Espagne, il me fit un discours du ressentiment qu’il avoit de voir Leurs Majestez en peine, assiégées à Paris par de si mauvais sujets lutheriens, desquels il falloit couper le pied par la racine afin de les exterminer ; et que, suivant la volonté et intention du Roy son maistre, de secourir et aider de tous ses moyens le roy Très-Chrestien, son bon frere, il estoit prest de monter à cheval avec toutes ses forces pour aller rompre la teste aux huguenots et remettre Leurs Majestez en liberté, et plusieurs autres grandes braveries. Mais comme je n’a vois point de commandement d’accepter ces grandes offres, je le suppliay de me respondre particulièrement à la requeste que je lui faisois, de me donner le secours de deux mille chevaux legers seulement, et de trois ou quatre regimens espagnols que je lui remenerois bientost après, avec beau-