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le roy d’Espagne son beau-frere, et par le zele et affection qu’il portoit à la conservation de la religion catholique, de secourir en toute diligence Leurs Majestez qui estoient assiegées en la ville de Paris, et, pour cet effet, me bailler trois ou quatre regimens de gens de pied espagnols et italiens, avec les mille chevaux legers espagnols et les mille italiens qu’il avoit amenez ; qui estoit un secours tout prest à marcher sans bruit, que j’amenerois en cinq ou six jours loger à Senlis, où l’on leur feroit preparer les vivres, les logis, et tout ce qui leur seroit besoin, pour se trouver le lendemain aux portes de Sainct-Denys, du costé de la France, pendant que le Roy feroit sortir le Connestable, les princes, la noblesse, les Suisses, et tout ce qui estoit à Paris, avec vingt pieces d’artillerie, pour desloger les huguenots de Sainct-Denys, lesquels n’y pouvoient demeurer ny en sortir qu’ils ne fussent combattus et vaincus ; de telle sorte que l’on en feroit en ce lieu-là, ou en quelqu’autre part qu’ils allassent, perir la faction. Ce qui apporteroit pareil avantage au roy d’Espagne et au duc d’Alve sur les Pays-Bas, qu’à la France. L’ambassadeur d’Espagne, qui estoit pour lors appelle dom Francisque d’Alve, homme de guerre, qui a depuis esté fait grand maistre de l’artillerie en Espagne, asseura Leurs Majestez que le duc ne faudroit d’envoyer son secours aussi-tost que je serois arrivé près de luy, et aurois representé l’estat et necessité de Leurs Majestez.

Donc incontinent je fus despesché avec lettres de creance pour cet effet, avec protestations d’immortelle amitié et obligation, et tout ce qui se pouvoit dire et promettre sur ce sujet. L’ambassadeur escrivit aussi fort favorablement, et fut advisé de me bailler nombre,