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et diligence de l’empescher à coups d’harquebusades, advertissant Sa Majesté de moment en moment de tout ce qui se passoit. Il n’y avoit lors pas un seul homme armé à la Cour, ou la pluspart encore n’avoient que des haquenées. Leurs Majestez me manderent de les aller trouver à Meaux près de Lagny, et trouverent que les advertissemens estoient trop veritables. Incontinent les Suisses furent mandez de se haster, ayant logé à Chasteau-Thierry, qui n’est qu’à quatre lieues de là ; ils marcherent toute la nuit, durant laquelle personne ne reposa. Le Roy, les princes, les dames et courtisans estoient sur pied, aussi estonnez qu’ils avoient esté incrédules auparavant. Le Connestable et le duc de Nemours n’avoient pas grande peine d’asseurer le Roy, qui estoit jeune, et n’apprehendoit point le peril, non plus que ses freres. Quelques-uns du conseil furent d’opinion de ne bouger de Meaux, où les Suisses seroient suffisans pour conserver la ville et les personnes de Leurs Majestez, en attendant que l’on advertiroit la noblesse catholique, la gendarmerie et les serviteurs du Roy pour les venir secourir ; mais les autres, et la plus grande partie, furent d’advis de se retirer à Paris, et partir trois heures devant le jour, pour y aller aussitost que les Suisses seroient arrivez : qui fut la derniere resolution, effectuée comme elle avoit esté conçue. Au mesme instant le mareschal de Montmorency fut envoyé devers le prince de Condé, le cardinal et l’admiral de Chastillon, pour regarder à leur donner quelque contentement. Cependant chacun se preparoit à la Cour pour partir. Je fus envové toute la nuit à Paris, trouver le prevost des marchands, les eschevins et premiers de la ville, pour faire prendre les armes et