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jestez, auxquelles il asseura avoir vu, en moins d’un jour et une nuict, marcher et assembler plus de six cens chevaux, logeans les uns par les maisons des gentilshommes, et les autres en des granges, où ils trouvoient des vivres preparez, et autres par les villages, sans aucun bruict ny desordre, tous avec leurs armes.

Ce qui estonna fort la Cour, dequoy neantmoins l’on ne vouloit rien croire : au contraire les princes, les seigneurs et mesme les dames, me vouloient mal d’avoir donné cette allarme, et fait venir l’un de mes freres pour en confirmer l’avis que j’avois donné. Leurs Majestez m’envoyerent querir au cabinet, où estoit le Connestable, lequel me dit que l’on ne pouvoit asseoir aucun fondement sur ce que j’avois dit, et que mon frère avoit confirmé, et que, si ce n’estoit le respect de mes services, l’on nous mettroit prisonniers, jusques à ce que la vérité fust cognue de cette chose, qui ne pouvoit entrer aux esprits de la Cour, où l’on se laisse aller le plus souvent à ce que l’on désire. Et fut commandé à un lieutenant des gardes, si mon frère vouloit partir de la Cour, de l’arrester, dont nous fusmes advertis.

Le lendemain Titus de Castelnau, mon autre frere, arriva en diligence, et me dit qu’il avoit laissé toutes les troupes du prince de Condé, de l’Admiral et autres seigneurs et gentils-hommes, qui marchoient tous fort serrez pour aller repaistre à Lagny, et aussitost remonter à cheval pour environner la Cour qui estoit à Monceaux, et se saisir des personnes du Roy, de la Revne sa mere, de ses freres et de tous ceux qui leur estoient contraires. Et asseura avoir marché avec eux, et les avoir fort bien recognus. Sur cela, le Con-