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eux. Les Bernois rendirent trois bailliages, qu’ils avoient de long-temps occupez, de la duché de Savoye, et, par ce moyen, se rallierent avec le duc, qui s’en contenta. La ville de Geneve demanda secours aux cantons de Berne et de Zurich, au prince de Condé et huguenots de France, plusieurs desquels volontaires y allerent, dont il ne fut point de besoin ; car ce n’estoit pas le dessein du duc d’Alve d’assaillir Geneve, parce qu’il avoit assez d’autres besognes taillées aux Pays-Bas.

Où estant donc arrivé sans aucun péril, l’admiral de Chastillon persuada au prince de Condé, et ceux de sa religion en France, que les recrues des compagnies de gens de pied et la levée des Suisses, n’estoient à autre fin que pour ruiner les huguenots, au mesme temps que l’armée espagnole arriveroit en Flandre. Et, pour cette cause, l’Admiral et ses freres resolurent avec le prince qu’il falloit pourvoir à leurs affaires, et que celuy-là estonneroit son compagnon, qui frapperoit ou s’armeroit le premier ; mais qu’il falloit monstrer auparavant que la necessité les contraignoit d’avoir recours aux armes. Il firent donc imprimer[1] les raisons et causes qui les y pouvoient contraindre, se plaignans que les edicts de pacification subsequens et declaratifs de la volonté du Roy, estoient tellement retranchez et inutiles, qu’il n’y avoit aucune paix asseurée pour les huguenots, ny chose qui en approchast, comme ils spécifierent par le menu ; et mesmement,

  1. Ils firent donc imprimer. Cet ouvrage est intitulé :Requestes, protestations, remonstrances et advertissemens faits par monseigneur le prince de Condé et autres de sa suite, où l’on peut aisément cognoistre les causes et moyens des troubles et guerres présentes, Orléans, Ribier, 1567.