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et impatient de telle permission ; chose bien contraire au conseil d’Espagne et à l’inquisition, pratiquée premierement contre les Maures, Sarrasins et esclaves, qui autrement ne se pouvoient dompter.

Il manda lors à la duchesse de Parme et à son conseil, qu’il vouloit entierement que les edicts fussent gardez, et que l’on fist punition des sacrileges. Ce qui fut fait de quelques-uns, et les presches ostez, ayant, pour cet effect, la duchesse assemblé toutes les forces du roy d’Espagne aux Pays-Bas, pour courir sus aux huguenots et mutins ; lesquels, voyant que la force leur manquoit, eurent leurs recours à presenter nouvelles requestes à la duchesse pour avoir liberté de leur religion ; ce qui leur fut entièrement desnié : au contraire fut procedé contre ceux qui estoient de la partie, par confiscation, principalement contre les sacrileges. Quoy voyans, plusieurs se bannirent eux-mesmes, avec des ministres qui n’avoient plus permission de prescher.

[1567] Lors le prince d’Orange et ses freres, avec le comte de Brederode, qui portoient la faction des huguenots, se retirèrent, voyans que les comtes d’Egmont, d’Aremberg, le sieur de Marquerive et autres seigneurs, avoient pris les armes pour la duchesse de Parme, afin de faire exécuter les mandemens du Roy.

C’estoit au mois de may, auquel temps le duc d’Alve estoit desjà arrivé à Gènes, pour aller au Pays-Bas avec l’armée qu’il avoit dressée en Italie, lequel depuis passa par la Bourgogne sans aucun contredit, ny qu’aucun Allemand, Flamand ou François huguenot se remuast, mais seulement les Suisses qui s’armerent, craignans que le duc de Savoye n’eust quelque intelligence avec le duc, pour entreprendre sur