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le mareschal, accompagné du prince Porcian, alla au devant, et l’ayant rencontré en la rue Sainct Denys, le desarma et sa compagnie, où il fut seulement tué un de ses gens qui faisoit résistance de rendre ses pistolets. Le cardinal, pensant que l’on le voulust tuer, se sauva en la maison d’un marchand, où il ne fut point poursuivy ny recherché.

Et lors il conçut une haine mortelle contre Montmorency et les siens, qui auparavant estoient en procès avec ceux de Guise pour la comté de Dammartin. Plusieurs s’esmerveilloient que personne ne s’estoit remué pour le cardinal, chose du tout contraire à son attente. Mais celuy-là est fort mal asseuré qui met son esperance au secours et appuy d’un peuple, s’il n’est emeu de furie, ou conduit par un chef auquel il aye entiere confiance.

Cependant le Roy, qui estoit en Gascogne, où il recevoit divers advertissemens de tous endroits, que l’on faisoit ce qui estoit possible pour executer ses edicts par les provinces, receut en mesme temps les plaintes du cardinal et les excuses du mareschal, ausquels il fit entendre qu’il les oiroit à son retour pour adviser à ce qui seroit necessaire au fait de l’un et de l’autre ; et ainsi continuant son voyage, il alloit visitant la pluspart de son royaume.

[1566] L’année ensuivant, il fit assembler à Moulins les premiers des parlemens, et tous les plus grands princes, seigneurs et autres personnes de qualité, en forme d’Estats particuliers, où se trouverent ceux de Guise, de Montmorency et de Chastillon, que Sa Majesté avoit mandez ; qui estoit un moyen que l’on trouvoit bon en apparence pour accorder la veufve du feu