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CHAPITRE II.


Le cardinal de Lorraine, voulant entrer à Paris en grande suite, est désarmé par le mareschal de Montmorency. Haine mortelle entre ces deux seigneurs. Le Roy remet à juger leur differend à son retour à Paris. Il accorde les maisons de Guise et de Chastillon, et reconcilie le cardinal de Guise et le mareschal de Mordmorency. La Reyne mere recherche l’alliance de l’Empereur et l’amitié des catholiques. Défiance des huguenots ; ils soupçonnent quelque intelligence entre le Roy et le duc d’Alve. L’Admiral tasche de donner ombrage au Roy des desseins de ce duc, et fait une belle remonstrance sur la conduite espagnole. Le peu de compte qu’on en fait augmente les defiances du prince de Condé et de l’Admiral.


Mais pour en revenir à la France, peu de temps après, le cardinal de Lorraine alla à Paris avec grand nombre de ses amis et serviteurs, avec armes, pistolets et arquebuses, seulement pour sa seureté et des siens (comme il disoit), plustost que pour offenser personne. Le mareschal de Montmorency, gouverneur de l’Isle de France, estant adverty de sa venue, l’envoya prier à Sainct-Denys de n’aller pas à Paris avec telle compagnie de peur de quelque sedition, mesmement s’il entroit avec les armes contre l’ordonnance, qui estoit fort gardée pour lors en France de porter armes à feu. Neantmoins le cardinal, ne faisant pas grand compte de cette prière, se délibéra d’y entrer ; ce que voyant