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n’y a rien qui empesche le passage qu’une petite rivière, comme je crois avoir dit cy-devant, qui se passe presque à gué de tous costez, sur laquelle est assise la ville de Warwik, qui a esté depuis quelque temps fortifiée.

Ce que prévoyant dès-lors la reyne d’Angleterre, jetta les yeux sur un jeune seigneur de son royaume, pour en faire un présent à la reyne d’Escosse, lequel estoit fils du comte de Lenox, appellé Henry Stuart, milord d’Arlay[1], que la comtesse sa mère[2], qui estoit du sang royal d’Angleterre, avoit fait nourrir fort curieusement, luy ayant fait apprendre dès sa jeunesse à jouer du luth, à danser, et autres honnestes exercices. La reyne d’Angleterre trouva donc moyen de faire persuader par de grandes considerations à la reyne d’Escosse, qu’il n’y avoit point de mariage en la chrestienté qui luy apportast tant de bien asseuré et d’entrée au royaume d’Angleterre, dont elle pretendoit d’estre héritiere, que celuy du milord d’Arlay, afin de fortifier le droit de l’un et de l’autre, estans conjoints par mariage avec le bon consentement de la reyne d’Angleterre et de tous les deux royaumes, comme les plus sages Anglois et Escossois estimoient être le bien de tous, et par mesme moyen oster beaucoup de doutes qui pourroient, avec le temps, troubler ces deux Estats si voisins et en une mesme isle, tant pour n’estre point née la reyne d’Escosse en Angleterre, que pour ce que le milord d’Arlay y estoit né, nourry et élevé.

Car le roy Henry huitiesme avoit voulu faire une loy, par acte de son parlement, pour frustrer sa sœur

  1. D’Arlay, lisez Darnley.
  2. La comtesse sa mère. Marie Lenox, fille de Marguerite, sœur de Henri VIII.