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France, que le mariage ne seroit pas si propre ny commode de Sa Majesté que du duc d’Anjou, à présent régnant, parce qu’il pourroit, avec moins de difficulté, passer la mer et demeurer en Angleterre, que non pas le Roy qui estoit couronné et sacré, et que les François auroient aussi peu de volonté de le laisser passer en Angleterre, que les Anglois leur reyne en France. Parquoy il leur sembloit que le mariage de monseigneur d’Anjou seroit plus propre que l’autre, et par ce moyen, autant que par celuy du Roy, seroit jointe et unie l’Angleterre avec la France.

Ce que j’escrivis à Leurs Majestez partant pour aller vers la reyne d’Escosse, que j’avois aussi charge de visiter et luy reconfirmer l’amitié de Leurs Majestez, sçavoir si elle auroit besoin de leur assistance, comme aussi sentir si elle auroit agreable le mariage du duc d’Anjou, frère du Roy, ayant si peu esté avec le feu roy François ; désirant Sa Majesté de maintenir tousjours par une bonne alliance la ferme et constante amitié qui avoit tousjours esté avec l’Escosse depuis huit cens ans.

Estant donc arrivé en Escosse, je trouvay cette princesse en la fleur de son âge, estimée et adorée de ses sujets, et recherchée de tous ses voisins ; en sorte qu’il n’y avoit grande fortune et alliance qu’elle ne pust espérer, tant pour estre parente et heritiere de la reyne d’Angleterre, que pour estre douée d’autres grâces et plus grandes perfections de beauté que princesse de son temps. Et parce que j’avois l’honneur d’estre fort cognu d’elle, tant pour avoir esté nostre reyne que pour avoir particulièrement esté de ses serviteurs en France, et l’avoir accompagnée en son royaume d’Es-