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pour faire les presches, et cependant donner commissions pour faire demanteler quelques villes et chasteaux qui avoient esté les plus seditieux et plus favorables aux huguenots, comme Meaux et Montauban, et faire la justice de plusieurs assassinats commis en beaucoup d’endroits où les magistrats catholiques, remis en leurs estats, avoient bien souvent quelque dent de prendre la revanche des huguenots, qui les avoient maltraitez et chassez de leurs biens : chose qui estoit assez suffisante pour rallumer les feux des guerres civiles ; et n’y avoit que l’authorité du Roy qui y pust remedier.

Cependant la Reyne mere donna ordre incontinent que le Roy fut à Lyon, d’y dresser une bonne et forte citadelle, outre celle qui estoit auparavant. Et combien qu’elle eust un fort grand desir de faire entretenir la paix, comme elle s’y employoit entierement, si est-ce qu’elle se trouvoit fort combattue par les diverses sollicitations que l’on luy faisoit de recommencer la guerre, pour ne laisser prendre plus de pied aux huguenots, et leur oster tout exercice de leur religion, et les moyens de pouvoir jamais reprendre les armes, afin de reduire entièrement tout le royaume à la religion catholique ; à quoy la ligue saincte, de laquelle nous avons parlé cy-dessus, donnoit de grands eschecs. D’autre costé, le duc de Lorraine, qui avoit espousé madame Claude, sœur du Roy, la duchesse de Nemours, mere de plusieurs beaux enfans du feu duc de Guise, le cardinal de Lorraine, les ducs de Guise, d’Aumale, d’Elbœuf, pressoient fort la Reyne mere, pour avoir raison de la mort du feu duc de Guise ; et le roy d’Espagne, mary de la fille aisnée de France,